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La reprise de l’immobilier neuf est-elle menacée ?

Si les mises en chantier progressent et tirent les chiffres de la construction vers le haut, le nombre de ventes semble fléchir. Et les récentes annonces du gouvernement concernant le Pinel et le PTZ ne rassurent pas les professionnels.

La reprise de l’immobilier neuf est-elle menacée ?
La reprise de l’immobilier neuf est-elle menacée ?

C’est sans appel. Dans le secteur de la construction, la reprise est là ! Le bâtiment connaît une hausse de 4 % de son activité, "sensiblement plus forte que ce que l’on avait imaginé", souligne Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Une progression due essentiellement au redressement de l’immobilier neuf. Les mises en chantier de logements individuels et collectifs sont à la hausse, respectivement de 13,4 % et 17,4 %.

Mais gare à l’excès d’enthousiasme. Si l’on jette un œil au nombre de ventes de logements neufs au second trimestre 2017, il recule dans l’individuel comme dans le collectif : -1,9 % et -9,4 %. "D’ailleurs, le nombre et la production de crédits immobiliers pour le neuf baissent aussi sur la même période. Il semble que la hausse des prix de vente relevée depuis 2016 commence à désolvabiliser certains ménages, faute de pouvoir compter sur une nouvelle amélioration des conditions de crédit ou sur une meilleure mobilisation de l’apport personnel pour compenser", précise Jacques Chanut.

Un constat partagé par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) : "Si les réservations se maintiennent à un niveau élevé, le nombre total de logements réservés au 2ème trimestre est inférieur à celui du 2ème trimestre 2016 (…) Le phénomène est encore plus marqué si l’on considère les seules ventes au détail, qui baissent globalement de 4,2 %, avec un impact sur les deux marchés de l’accession à la propriété (‐6,4 %) et de la vente aux investisseurs (‐2,2 %)". Le phénomène est toutefois moins marqué en Province (-2,5 %) qu’en Île-de-France (-8,8 %).

PTZ et Pinel sur la sellette

Les professionnels sont également très inquiets de ce qu’ils trouveront le 22 septembre prochain dans le projet de loi logement. Comme le rapportait Julien Denormandie, secrétaire d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires, sur les ondes de RTL, le PTZ 2018 exclura certaines zones. "Qu’on veuille retirer le Pinel de la zone C, cela peut se comprendre. Mais en faire de même avec le PTZ, c’est incroyable. Qu’est-ce-que ça veut dire ? Que les jeunes qui souhaitent acheter ne pourront se tourner que vers Paris, Marseille, Lyon ou Bordeaux ?", s’insurge Jacques Chanut.

Selon les informations de la fédération, les zones B2 et C ne seraient plus concernées par le Pinel et le PTZ.  De quoi semer le trouble chez certains acheteurs potentiels pour la FPI : "le flou sur l’avenir des mécanismes de soutien (Pinel et PTZ, qui ont pourtant fait leurs preuves) et sur les contours du futur impôt sur la fortune immobilière (IFI), sape la confiance des acquéreurs."

Si on prête aux aides à l’achat un effet inflationniste sur les prix des logements neufs, rappelons qu’ils demeurent anormalement très chers (cliquez pour agrandir le tableau). De plus, le production neuves vit sous l’assistance respiratoire de ces différents dispositifs : "On a vu ce qui s’est passé en 2012 lorsque l’on a arrêté le PTZ+ et le Scellier. La production de logements neuf s’est effondrée jusqu’à ce qu’on remette en place des aides similaires, en 2014", se rappelle Jacques Chanut. L’avenir nous dira si l’histoire se reproduira…

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