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3 QUESTIONS À JEAN-BAPTISTE CHÉNÉ Chef de la division essais acoustiques du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment)

"Il est possible d'associer isolation thermique et acoustique"

3 QUESTIONS À JEAN-BAPTISTE CHÉNÉ Chef de la division essais acoustiques du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment)
3 QUESTIONS À JEAN-BAPTISTE CHÉNÉ Chef de la division essais acoustiques du CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment)

Indicateur Bertrand : La recherche de meilleures performances thermiques et acoustiques est-elle contradictoire ?

Jean-Baptiste Chéné : Les réglementations thermiques ont des effets sur le confort acoustique. Mais on peut trouver des solutions qui améliorent l'acoustique, alors que d'autres ont l'effet inverse. Un certain nombre de technologies et de matériaux, comme les doublages rigides par l'intérieur ou les murs à isolation répartie (mono-murs en terre cuite ou blocs de béton cellulaire), sont intéressants au point de vue thermique mais présentent des limites en matière acoustique, notamment en ce qui concerne l'isolation entre logements. Seules certaines solutions constructives types pourront ainsi satisfaire les deux exigences. On voit maintenant apparaître des technologies de rupteurs de ponts thermiques qui permettent d'isoler au mieux les jonctions entre la façade et le plancher ou le mur par exemple, ce qui limite les ponts thermiques. Cette technologie améliore le confort thermique mais peut avoir un impact négatif au niveau acoustique si elle n'est pas bien dimensionnée. D'une manière générale, on est capable d'associer isolation thermique et acoustique, mais il faut avoir conscience des interactions entre ces deux éléments pour pouvoir les concilier. En acoustique, lorsqu'on ajoute quelque chose (doublage, etc.), on prend le risque de dégrader la performance initiale du support.

I. B. : La réglementation ne permet-elle pas d'assurer ces ceux éléments de confort dans le neuf ?

J. -B. C. : En France, les contraintes réglementaires donnent des obligations de résultats, pas de moyens et cela peut entraîner une certaine ambiguïté, d'autant que l'Etat n'a pas les moyens d'exercer énormément de contrôles. C'est pourquoi l'existence de labels comme Qualitel est importante, car elle s'appuie sur une méthode de prévision robuste et un contrôle sur site d'une opération sur quatre. Nous possédons aujourd'hui des outils, comme certains logiciels (Acoubat par exemple), qui permettent d'évaluer l'impact des choix techniques sur la performance acoustique finale du bâtiment.

I. B. : Quelles sont les techniques les plus utilisées pour assurer le confort thermique et acoustique ?

J. -B. C. : Cela dépend de la partie de l'ouvrage concernée. Pour une toiture par exemple, 20 cm de produit poreux (laine minérale, ouate de cellulose, chanvre, plumes de canard, laine de mouton, etc) permettent de concilier les apports acoustique et thermique. En mur, un doublage collé de 70 à 100 mm en laine minérale ou polystyrène élastifié est généralement la solution retenue pour concilier les deux exigences. L'isolation des planchers entre logement et local non chauffé (parking ou local d'activité), reste un domaine dans lequel il est souvent difficile de concilier l'isolation thermique, la protection contre le feu et l'élément acoustique et financier car les techniques de fond de coffrage et de flocage ne sont généralement pas satisfaisantes, à moins d'utiliser des planchers surdimensionnés.

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