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A quoi ressemblera la ville de demain ?

VIDEOS. Spécialisé dans les projets les plus fous, l’architecte et urbaniste Vincent Callebaut a bien voulu nous livrer sa vision des métropoles et bâtiments de demain. Un regard résolument vert et sous-marin. Entretien.

A quoi ressemblera la ville de demain ?
A quoi ressemblera la ville de demain ?

Explorimmoneuf : Vous êtes connus pour vos projets architecturaux avant-gardistes. Pour vous, à quoi ressemblera la ville de demain ?

Vincent Callebaut : Nous entrons dans la 3ème ère de l’urbanisme mondial. Pendant 1 000 ans nous avons construit des villes sur la nature et principalement autour des fleuves, comme à Bruxelles, Paris ou Amsterdam. Ensuite, on les a étalé à la verticale. Maintenant, nous souhaitons rapatrier la nature dans la ville, et produire nos propres exploitations maraîchères sur nos immeubles.


Prenons l’exemple de la fermeture des Berges de Seine. Ce n’est pas juste une façon de végétaliser pour rendre la ville plus belle qu’elle ne l’est déjà. Il y a un enjeu bioclimatique majeur. Nous voulons passer d’un Paris bétonné, gris, imperméable aux aléas climatiques, un Paris qui ne récupère pas l’eau de pluie et absorbe la chaleur à un Paris vert. Un Paris transpirant, pouvant faire baisser, grâce au retour en force de la nature, la température de 3 à 5 degrés dans la capitale. C’est en sens que nous avons imaginé le projet Paris Smart City 2050, à la demande de la municipalité, il y a 1 an. 





La ville de demain tournera autour de trois axes forts :


La durabilité, avec la construction de bâtiments a minima autosuffisants en énergie et a maxima Bepos, c’est-à-dire capable de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment. Ils produiront de l'électricité et serviront de fermes urbaines. Je rappelle d’ailleurs que sur ce point, une directive de la Commission Européenne imposera à toutes les constructions nouvelles, dès 2020, de ne construire que des immeubles positifs.


L’expansion horizontale des villes, et le passage du tout automobile à des modes de transports plus doux comme le tramway, le vélo électrique ou les voitures hybrides.


Enfin, le développement de la dématérialisation des données et des informations qui nous amèneront à vivre à la campagne, et alterner entre télétravail et réunion dans des espaces de coworking.


Explorimmoneuf : Les projets que vous élaborez sont-ils réalisables ou s’agit-il de programmes utopiques destinés à faire évoluer les mentalités ?


Vincent Callebaut : Une partie des créations de notre agence sont réalisées par notre laboratoire de recherche et développement. Nous rencontrons des scientifiques et mettons au jour des solutions aux problèmes actuels, comme celui du 7ème continent, cette plaque de déchets qui pollue les mers, ou la question des réfugiés climatiques qui, faut-il le rappeler, seront près de 250 millions dans 35 ans. Ce sont des propositions censées faire bouger les mentalités, mais réalisables, à partir d’outils technologiques qui existent et sont commercialisés. Tout ce qu’il manque c’est un peu de volonté politique.


D’autres programmes sont eux en construction comme la Tao-Zhu Garden à Taipei, qui diminue de 50 % la consommation d’une tour résidentielle classique et se compose de 25 000 arbres et arbustes et que nous livrerons en fin d’année 2017. C’est également le cas du projet Hypérion, en Inde, dont nous venons de déposer les permis de construire et qui mise sur l’agro écologie en milieu urbain.





Explorimmoneuf : Des programmes ambitieux qui doivent avoir un coût très élevé ?


Vincent Callebaut : C’est le principal reproche qui nous est fait. On nous accuse de développer des projets ultra capitalistiques qui coûteraient une fortune. Oui, généralement le prix est environ 30 % supérieur à un projet classique. Mais le retour sur investissement, grâce aux technologies d’optimisation des performances énergétiques, vient amortir ce surcoût dans les 10 premières années d’existence du programme.


Prenons l’exemple de The Gate, au Caire, que nous sommes en train de créer. Il s’agit d’un programme mixte de 450 000 m² avec 250 000 m² destiné à l’habitation, soit 1 200 logements. La facture s’élève à 500 millions d’euros, ce qui est élevé pour l’Egypte. L'édifice consommera 30 % de l’énergie d’un îlot classique. Pour ce faire, nous nous sommes inspirés des termitières en créant 9 cheminées à vent, une méthode déjà employée par les pharaons pour gérer la température ambiante dans les temples il y a 3 000 ans. Ajoutez à cela des panneaux photovoltaïques et des éoliennes design et vous obtenez un projet ambitieux qui a terme sera rentable.





Explorimmoneuf : Beaucoup de vos projets tournent également autour de l’eau. Sommes-nous destinés à peupler les mers dans un futur plus ou moins proche ?


Vincent Callebaut : Ces créations attirent le regard d’ingénieurs venus du monde entier, comme pour le programme Lilypad. Je pars d’un constat simple, selon les estimations de bon nombre d’experts, en 2050, nous serons près de 9 milliards sur Terre. L’eau recouvre près de 70 % de la planète. Pourquoi devant de tels chiffres ne deviendrions nous pas mériens plutôt que des terriens ?


Tout ce qu’il faut, c’est travailler sur de nouvelles méthodes de construction sur l’eau. Aujourd’hui on s'appuie essentiellement sur les polders, comme au Pays-Bas ou de stations offshores. Mais ces réalisations détruisent les écosystèmes sous-marins. La solution viendrait plutôt de l’émergence d’une ville flottante qui se déplacerait en fonction des courants. Cela suppose de repenser complètement notre rapport à l’habitat.





Explorimmoneuf : Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?


Vincent Callebaut : Le programme qui m’occupe actuellement est Aequarea, que mon équipe et moi développons avec des ingénieurs de la NASA. L’idée est de s’intéresser au 7ème continent et voir comment un projet d’architecture pourrait guérir le mal causé par le XXème siècle sur le plan environnemental.


Nous avons inventé un nouveau matériau, en mélangeant les déchets plastiques du 7ème continent à des algues et l’avons baptisé "algoplast". Je suis persuadé qu’il sera possible de construire des bâtiments flexibles et imprimables en 3D à partir de ce nouvel élément et ainsi s’attaquer à un problème environnemental capital.





Crédit Photo : Vincent Callebaut.

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